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Altra Cosa Ars Musica - Ramon Lazkano - Aurélien Dumont - Tim Gouverneur

ARS MUSICA - FLAGEY - STUDIO 4
Introduction du concert à 19h15 par les compositeurs - Foyer de Flagey
Le concert en images : ICI
 
Musiques Nouvelles, direction Jean-Paul Dessy
Berten D'Hollander (flûtes), Charles Michiels (clarinettes), Denis Simándy (cor), Luc Sirjacques (trompette), Adrien Lambinet (trombone), Alice Pêtre (harpe), Pierre Quiriny (percussions), Antoine Maisonhaute & Chikako Hosoda (violons), Maxime Desert (alto), Jeanne Maisonhaute & Jean-Pol Zanutel (violoncelles), Thomas Fiorini (contrebasse), André Ristic (piano), Christophe Delporte (accordéon)
Anne Mattheeuws diffuse le lundi 30 avril dès 22h00 dans "Big Bang", l'enregistrement de ce concert !
 
En 2001, le compositeur basque Ramon Lazkano découvre le laboratoire expérimental du sculpteur Jorge Oteiza (1908-2003) qui, à partir de matériaux modestes (craie, papier, fer blanc, plâtre, bois ou liège), réalise des pièces géométriques de petit format, fragiles et instables. Le «laboratoire des craies» d'Oteiza porte Lazkano à s'interroger sur la capacité expressive du fragment, du provisoire et de l'usé, et lui inspire cinq cycles internes et cohérents: Hatsik (souffle), Egan (envol), Laiotz (terre ombragée), Wintersonnenwende (solstice d'hiver), Errobi (torrent). Lazkano élit domicile au cœur du son, travaillant le matériau musical comme un sculpteur travaille le marbre ou le bois, dans un corps à corps avec le timbre et les densités sonores.
Le cycle Egan sera donné pour la première fois dans son intégralité en concert le 13 mars 2012 par l'ensemble Musiques Nouvelles, dans le cadre d'Ars Musica.

PROGRAMME

Tim Gouverneur, Danse insomniaque pour treize instruments - CRÉATION MONDIALE - 10'
 
Fausto Romitelli, Domeniche alla periferia dell'impero - 7'
 
Aurélien Dumont, Epopées - Pauses pluitées pour violoncelle solo, harpe, percussions, violon, alto, violoncelle, contrebasse et électronique - CRÉATION MONDIALE - 15'
avec Jeanne Maisonhaute (violoncelle solo)
 
Pause
 
Ramon Lazkano
Egan-1, pour 8 instruments (flûte, clarinette, cor, trompette, percussions, violon, alto, violoncelle) - 8' - 2006-2009
Egan-2, pour 6 instruments (flûte, clarinette, cor, trompette, percussions, violon, violoncelle) - 9' - 2006-2007
Egan-3, pour 8 instruments (clarinette basse, accordéon, piano, percussions, violon, alto, violoncelle, contrebasse) - 11' - 2007
Egan-4 (Oinatz), pour 13 instruments (flûte basse, clarinette basse, cor, trombone, accordéon, harpe, piano, percussions, deux violons, alto, violoncelle, contrebasse) - 15' - 2011
 
Coproduction : Le manège.mons/Musiques Nouvelles - Flagey - Ars Musica - Le Conseil de la Musique - Bozar

Egan – Ramon Lazkano

«Egan, du terme basque signifiant « envol ». Surface sonore aux volumes aériens.

Mon maître disait : «Inventer la musique c'est lui permettre de voler ».

Egan, espace éruptif et improvisé.

Fragment du «laboratoire des craies», Igeltsoen Laborategia : à l'échelle de l'homme, des objets d'interrogation et de spéculation.
 

«EGAN-1 (2006/2009) pour huit instruments

Cette deuxième version définitive d'une miniature de 2006, commandée par le Plural Ensemble pour le Festival Ultraschall de Berlin, élargit et dilate un matériau de type improvisé en le projetant dans une architecture où les récurrences et les périodicités se soumettent aux ruptures dynamiques et gestuelles d'origine, en bâtissant un nouveau labyrinthe. L'écriture du détail et la mobilité constante contribuent à une instabilité essentielle dont la présence comme élision du son pourraient en être la lecture.

Egan, "envol" : ensemble de figures qui, juxtaposées, semblent vouloir prétendre atteindre une signification projetée.
 

«EGAN-2 (2006-07) pour six instruments

Egan, «envol» : flux d'une trajectoire sonore, métaphore circulaire d'un retour impossible. Mirage de la régularité lors d'un temps suspendu.
 

«EGAN-3 (2007) pour huit instruments

Egan, «envol» : succession impromptue de situations sonores qui cherchent à s'entrelacer, vision fugace des formes qu'un son idéal pourrait modeler, temps allongé de l'éphémère.
 

«EGAN-4 (2011) pour treize instruments

Egan, "envol": continuité non prévisible qui dessine une trajectoire délayée et frustrée, labyrinthe d'objets qui cherchent une origine commune. Immobilité et récurrence des événements qui au travers d'itérations tronquées dessinent un horizon insaisissable. Vertige d'un temps immuable et finalement altéré: au troisième tiers de la pièce, accumulation et fuite en avant de la matière et du temps. Les interrogations de cette pièce renvoient aux trois Egan précédents, de même que ces trois pièces se résolvent dans la durée de la quatrième: le cycle, dont les durées sont grandissantes dans l'ordre des "envols", cherche à former ainsi un réseau de renvois et d'appels, de mémoires involontaires et d'instants d'anamnèse. Les intervalles, les rythmes, les trajectoires et les sons, s'étalent dans des aplats, sur des surfaces mobiles et fluides et bâtissent une toponymie, un territoire à la fois ouvert et confiné.Cette pièce est la dernière de la collection, Igeltsoen Laborategia, et marque son arrêt. Egan-4 est une commande d'Etat pour l'Ensemble 2e2m
RAMON LAZKANO
Entretien avec Ramon Lazkano sur le site d'Ars musica : ICI

Épopées – pauses pluitées – Aurélien Dumont

«Epopées – pauses pluitées est une pièce qui s'inscrit dans la thématique du festival Ars Musica 2012 Altra Cosa. Autre cause, autre monde, liens entre les civilisations, les cultures. J'ai choisi de travailler pour ce projet à partir d'une comptine japonaise très populaire datant du XVIème siècle, Toryanse. Dans ce chant traditionnel, il est question d'un passage: un petit «chemin de Dieu» inquiétant, d'une traversée dont on ne sait si l'on reviendra. Très présente sous diverses formes tout au long de la pièce, cette mélodie sera mise en regard de sonorités électroacoustiques très hétérogènes: de signaux sonores émis dans les passages piétons au Japon afin d'aider les non ou (mal)voyants à traverser la rue (à partir de la comptine Toryanse, dont ils sont tirés) à l'élaboration de paysages oniriques ou concrets (pluie, bruits de trafic routier)…
 
«Le rapport entre l'instrument soliste et l'électronique est pensé comme celui d'un individu à son environnement. Un environnement dans lequel l'individu a un impact, l'électronique étant pensée pour beaucoup en temps réel. Elle se décline principalement dans une synthèse liée à la périodicité du signal émis, qui crée une ombre irisée du violoncelle, et sur une improvisation de l'ordinateur à partir du jeu de violoncelle. Progressivement, ce rapport s'inverse – une sorte de violoncelle liquide se dessine sur une ambiance de pluie dans la partie centrale de la pièce. Dans la dernière partie, l'environnement cherche à imiter l'instrument et devient une corde virtuelle, dont la pression s'abaisse progressivement, finissant par rejoindre un violoncelle aux cordes complètement détendues, dont le timbre est presque devenu électroacoustique.
 
«L'ensemble instrumental est, quant à lui, le lien entre le soliste et l'électronique. Par moments, il renforce les environnements électroacoustiques. Dans d'autres cas, c'est une orchestration pensée comme un possible résultat d'un traitement électronique sur le violoncelle solo. L'ensemble tente de souligner une ambiguïté entre la source acoustique du son et son possible équivalent électronique, notamment avec l'utilisation de la synthèse par modèle physique concernant des techniques de Col legno.
 
«Cette ambiguïté crée un tissu fragile entre deux univers, deux temporalités, entre deux mondes hétérogènes qui s'opposent parfois ou qui se rejoignent par des passerelles improbables.»
Aurélien DUMONT
Lire notre entretien avec le compositeur : ICI !

Danse insomniaque pour 13 instruments – Tim Gouverneur

La trajectoire de Tim Gouverneur est plutôt insolite: tout en réussissant pleinement des études de physique à l'université, il développait en autodidacte sa passion pour la musique électronique auprès d'une bande d'amis disc-jockeys reconnus dans le monde des boîtes de nuit. Tim passait donc une grande partie de son temps à créer pour eux des morceaux inédits, à tel point qu'il décida de tenter le concours d'entrée au conservatoire. Brillante idée, puisqu'il le réussit…
 

«J'ai gardé cette part de divertissement, cette atmosphère festive qui ne vient pas d'un milieu intellectuel et réfléchi. Je compose comme si j'écrivais en studio avec des pistes et des effets… Dans Danse insomniaque pour treize instruments, je n'utilise pas d'orchestration pure au sens habituel mais je mène cette réflexion sur des instruments traditionnels: chaque instrument est comme une piste formée de loops: des petites séquences répétées. Ces cellules donnent des pistes qui s'additionnent et forment la musique. Cependant, elle n'est pas répétitive, mais plutôt périodique. Le chef d'orchestre joue le rôle du DJ. Les DJ font beaucoup de cuts: on coupe la musique, les danseurs hurlent et on la relance. On peut aussi la couper par saccades, extrêmement vite. J'essaie de retrouver ces effets, comme ceux d'un mix entre deux pistes, suivi des interventions et des mouvements de DJ, en l'occurrence du chef!

«Jusqu'au XXe siècle, les compositeurs se sont toujours beaucoup inspirés des musiques populaires de leur époque. Chopin faisait des mazurkas, des polonaises; Mozart écrivait des menuets, des valses… Le violoneux, passant de village en village, jouait les mazurkas sur un violon délabré pour faire danser les paysans. S'il avait pu entendre une mazurka repensée par Chopin, il aurait certainement pensé qu'elle était «indansable», mais il en aurait reconnu l'esprit… C'est ce même principe qui m'anime. A travers Danse insomniaque, l'électronique n'est présente que dans une perspective qui en convoque le style et les formes. Elle est là par l'esprit, mais je prends distance avec la réalité. Si mes amis disc-jockeys entendaient ma musique, ils y retrouveraient des éléments de ce qu'ils passent dans les boîtes de nuit, mais ils ne pourraient pas l'utiliser ! Elle est dansante, mais on ne peut pas la danser!»
Tim GOUVERNEUR
intégralité de l'entretien avec Tim Gouverneur : ICI !

BIOGRAPHIES

 

RAMON LAZKANO

Après avoir suivi les classes de piano de Juan Padrosa et de composition de Francisco Escudero au Conservatoire Supérieur de Saint-Sébastien, Ramon Lazkano (Saint-Sébastien, 1968) poursuit ses études de composition et d'orchestration au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris avec Alain Bancquart et Gérard Grisey; il y obtient un Premier Prix de Composition en 1990. Il approfondit ensuite la composition et l'analyse au Conservatoire de Montréal avec Gilles Tremblay. Son concerto pour piano Hitzaurre Bi lui vaut, à 26 ans, le Prix de Composition de la Fondation Prince Pierre de Monaco. Peu après, en 1997, un jury présidé par Luciano Berio lui décerne le Prix de Composition Leonard Bernstein Jérusalem pour ses Auhen Kantuak. En 2007, l'Académie des Beaux-Arts lui décerne le Prix Georges Bizet; il a également été lauréat de l'Institut des Arts de la Scène et de la Musique et du Collège d'Espagne, ainsi que de la Fondation Gaudeamus. Sa résidence auprès du Jeune Orchestre National d'Espagne est l'occasion de composer plusieurs oeuvres qui ont été jouées, entre autres, à l'Auditorium National de Madrid et au Konzerthaus de Berlin. En 1999, il est en résidence aux côtés de Luis de Pablo au Conservatoire et au Festival Musica de Strasbourg. Ses deux séjours à Rome (d'abord à l'Académie Royale d'Espagne, puis à l'Académie de France Villa Médicis) lui ont permis de mener une réflexion sur la composition et son propos, qui se cristallise en une pensée sur l'intertextualité, le silence et l'expérience du son, à l'origine de pièces emblématiques telles que Ilunkor (commande de l'Euskadiko Orkestra Sinfonikoa), Lur-Itzalak (commandée par le Printemps des Arts de Monte Carlo) et Hauskor (commande de l'Orquesta Sinfónica de la Comunidad de Madrid).). En 2009, l'éditeur Kairos publie un disque monographique avec trois oeuvres d'orchestre récentes dirigés par Johannes Kalitzke. Parmi les festivals et interprètes qui ont programmé et joué sa musique, figurent Présences à Radio-France, Festival d'Automne de Varsovie, Ultraschall à Berlin, la Société Internationale de Musique Contemporaine à Copenhague, Ars Musica de Bruxelles, Philharmonic Green Umbrella New Music Series à Los Angeles, et les ensembles Ictus, Recherche, 2e2m, Smash, Wiener Collage... Entre 2001 et 2011, Ramon Lazkano a travaillé à une large collection de pièces de musique de chambre composée de plusieurs cycles, Igeltsoen Laborategia (Le), qui prend comme référence le "laboratoire expérimental" du sculpteur Jorge Oteiza et en particulier le concept de craie en tant que matériau d'inscription, d'érosion et de mémoire liée à l'enfance; ces pièces ont été créées en Autriche, Allemagne, Pologne, Mexico, France et Espagne. En 2011, il a été en résidence auprès de l'Ensemble 2e2m, qui a commandé et créé la dernière pièce de cette collection, Egan-4. Le Festival Ars Musica de Bruxelles consacre à son travail une place spéciale en 2012, avec la création de son nouveau quatuor à cordes, Lurralde (Territoire), écrit pour le Quatuor Diotima, la programmation du cycle Egan au complet ainsi que le la reprise de Mugarri par l'Orchestre National de Belgique. Ramon Lazkano a enseigné l'orchestration au Conservatoire National de Région de Strasbourg et la composition à l'École Supérieure de Musique de Catalogne à Barcelone. Il est actuellement professeur d'orchestration au Centre Supérieur de Musique du Pays basque "Musikene". Ses œuvres sont éditées par Le Chant du Monde à Paris.

Site officiel de Ramon Lazkano

 
AURELIEN DUMONT
Né à Marcq-en-Baroeul (Nord de la France) en 1980, Aurélien Dumont étudie d'abord l'art-thérapie - diplôme universitaire de la faculté de médecine de Tours, et la musicologie à l'université de Lille - master en esthétique et pratique des arts. En parallèle, il étudie la musique électronique à la Musikhochschule de Cologne, puis la composition au CNSM de Paris dans la classe de Gérard Pesson, où il suit entre autres, les cours d'analyse de Claude Ledoux. En avril 2011, il termine le Cursus 1 d'informatique musicale de l'Ircam. Il participe également à la session Voix nouvelle de Royaumont, au centre Acanthes et au concours San Fedele à Milan. Depuis 2010, il reçoit plusieurs commandes - Commande d'Etat, de Radio France, du festival Ars Musica en Belgique, de la Péniche Opéra, de la Sacem, de l'Orchestre Symphonique de Mulhouse, du Festival de Violoncelle de Beauvais, etc... En 2012, un concert monographique lui sera consacré à Berlin par l'ensemble KNM. Aurélien Dumont est soutenu par la fondation Meyer, par la fondation de Lacour pour la musique et la danse ainsi que par la Maison du Film Court. Ses œuvres sont interprétées entre autres par les ensembles Linéa, Cairn, Multilatérale, Musiques Nouvelles, Sequenza 9.3, Opalescence, par le quatuor Diotima, le trio Dauphine, les solistes de l'Orchestre symphonique de Mulhouse, l'Orchestre National de Lorraine et prochainement par l'ensemble Clément Janequin. Passionné par la culture Japonaise, il est compositeur invité en 2012 au festival de Takefu par Toshio Hosokawa et reçoit une commande de l'ensemble Muromachi à Tokyo - 15 décembre 2012. Cette passion l'amène également à travailler sur un opéra de chambre pour chanteuse Nô avec l'ensemble Linéa et Ryoko Aoki. La musique d'Aurélien Dumont se centre principalement sur la recherche d'une relation particulière entre le timbre et la forme, souvent inspirée par l'univers littéraire - Dickinson, Borgès, Luca ou Volodine. Sa démarche le conduit à travailler en étroite collaboration avec le poète Dominique Quélen pour des pièces pour ensemble baroque, opéra et cantates...

 
TIM GOUVERNEUR

Né en 1983 à Montignies-sur-Sambre (Charleroi), Tim Gouverneur, issu d'une formation scientifique, poursuit des études de physique à l'Université de Mons Hainaut jusqu'en 2005. Autodidacte complet sur le plan musical, c'est dans le milieu de la musique électronique qu'il fait ses premiers pas. Entré au conservatoire de Mons en 2005, il y suit les cours de Claude Ledoux, Gilles Gobert, Victor Kissine, Jean-Pierre Deleuze,… Il est l'auteur de nombreuses pièces. Les plus importantes sont un cycle de danses pour piano, Le petit dancing en bois (sextuor), Les oreilles de Midas (pour treize instruments), un cycle d'études pour saxophone et flûte,La danse d'Aristophane (pour sept instruments), et d'innombrables miniatures pour toute sorte de formations. En 2010, il participe aux 9èmes rencontres internationales de composition musicale de Cergy-Pontoise (Paris), où il se classe parmi les trois lauréats, avec une pièce pour soprano et petit ensemble basée sur un poème d'Andrée Chédid.

En 2011, il participe également au festival Via à Mons, pour lequel il compose Lapsus, une pièce pour petit ensemble, développée à partir d'une polyphonie à deux voix de Roland de Lassus.

Représentations passées

13/03/2012
Flagey - 1050 Ixelles

Photos : Ramon Lazkano - Droits réservés, Isabelle Françaix. Télécharger les photos.